18 - La locomotive électrique «La Crocodile»

La première génération de locomotives électriques, dont la « Crocodile », est développée en Suisse où les nombreuses ressources hydrauliques du pays permettent de produire facilement de l’électricité. Ces nouvelles locomotives révolutionnent intégralement l’exploitation ferroviaire. Sur le plan technique, ces machines autorisent des vitesses commerciales plus élevées, le tonnage des trains est doublé et l’entretien dans les ateliers est beaucoup moins important que pour les locomotives à vapeur. Encore une autre qualité : lorsque la locomotive circule dans une pente, elle peut produire de l’électricité, c’est-à-dire que ses moteurs deviennent des génératrices, et par conséquent, elle renvoie de l’énergie dans les caténaires. En complément de ces performances, les mécaniciens apprécient la conduite de ces machines qui sont beaucoup plus silencieuses et propres que les locomotives à vapeur. Néanmoins, ce mode de traction impose des investissements importants avec l’électrification des lignes de chemin de fer. Aujourd’hui, la majorité des compagnies dans le monde ont adopté et utilisent l’énergie électrique, aussi bien sur des lignes à fort trafic que pour développer les trains à grandes vitesses.

Le nom attribué à ces locomotives est principalement lié à sa forme et à sa conception dont certaines d’entre elles étaient articulées. Ces machines ont été commandées par la Compagnie du Nord à la fin des années vingt, pour répondre au fort trafic, fret et voyageurs, entre Alsasua et Irun. L’électrification de cette première section a été prolongée quelques années plus tard jusqu’à Miranda de Ebro et Burgos. Au milieu du XXe siècle, un plan national prévoit l’électrification de toutes les lignes principales du pays, et afin de disposer de locomotives plus puissantes, la tension de 1500 Volts, utilisée jusqu’à présent, est remplacée par l’emploi du 3000 Volts. Les premières lignes en 3000 Volts ont été réalisées en Catalogne. Afin d’organiser une période de transition dans le but supprimer les sections équipées en 1500 Volts et les anciennes locomotives, des nouvelles machines « bitension », fonctionnant aussi bien en 1500 Volts qu’en 3000 Volts, sont mises en service en 1967. Le retrait des dernières « Crocodile » s’achèvera en 1976.